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« PAFE » : L’Agglomération de Fribourg alerte sur les conséquences néfastes du programme d’économies sur les prestations des transports publics urbains.

Dans le cadre de son Plan de réduction des finances (PAFE), actuellement en discussion au Grand Conseil, le Conseil d’Etat prévoit une forte réduction des subventions attribuées aux transports publics, notamment dans les agglomérations. Appliquée telle que prévue, cette mesure d’économie engendrera des conséquences significatives sur le réseau de bus urbains du centre cantonal avec une baisse du nombre de courses effectuées de l’ordre de 15 à 20%. Cette diminution engendrera une péjoration de l’offre et mettra à mal la politique de mobilité et la politique climatique menée depuis de nombreuses années par les collectivités publiques.

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En tant que commanditaires du réseau de bus urbains, le Canton et l’Agglomération de Fribourg ont pour mission de développer une offre de transports publics attractive dans le but de favoriser le report modal des voitures vers les bus et de répondre ainsi aux enjeux climatiques. Avec plus de 21 millions de passagers·ères en 2024, le réseau de bus urbains ne cesse de battre des records d’affluence et enregistre une dynamique plus que positive depuis plusieurs années.

Un désengagement cantonal, moins de 3 ans après la LMob

Une diminution du taux de subventionnement cantonal de 57,5% à 50% telle que prévue dans le cadre du programme d’économies impliquerait un report de charge de l’ordre de 2,7 millions par année sur l’Agglomération de Fribourg et les communes qui la composent. Cette mesure d’économie est d’autant moins compréhensible que la loi cantonale sur la mobilité, qui fixe cette participation, est entrée en force il y a moins de 3 ans. L’Agglomération de Fribourg estime ne pas être en mesure de compenser ce nouveau désengagement cantonal, ce d’autant plus qu’il fait suite à une première baisse de la participation cantonale au fonctionnement des transports publics urbains en 2014. En une dizaine d’années, le taux de participation cantonale aura ainsi diminué d’environ 17%, alors que le nombre de voyageurs sur le réseau a augmenté de près de 40% dans le même temps.

Il convient de relever que le PAFE aura également des répercussions sur les bus régionaux du canton, avec une diminution de la contribution cantonale qui passera de 45 % à 40 %. Les communes, qui assument le solde du financement, se trouvent ainsi déjà fortement impactées, sans possibilité d’agir sur le montant global, celui-ci étant déterminé exclusivement par le Canton en sa qualité de commanditaire de l’offre.

L’Agglomération de Fribourg s’inquiète des effets majeurs que ce nouveau désengagement de l’Etat entraînera sur l’offre de transports publics. En effet, afin de tenir l’équilibre budgétaire des collectivités régionales et locales et de prendre en compte la diminution de la participation cantonale, l’offre de bus devra inévitablement être réduite en cas d’application des mesures d’économie telles que prévues.

L’ensemble du réseau touché

Les péjorations que ce nouveau désengagement cantonal sont susceptibles d’engendrer ont fait l’objet d’une première évaluation. La diminution des prestations touchera l’ensemble des lignes du réseau. Concrètement, une telle décision entraînera une diminution de l’ordre de 15% à 20% du nombre de courses effectuées sur le réseau. Ce démantèlement du réseau actuel impliquera une diminution de la fréquence sur l’ensemble des lignes, et certaines lignes circulant toutes les 10 ou 15 minutes devraient donc voir leur cadence augmenter à 20 ou 30 minutes à certaines heures ou périodes de l’année. Les correspondances avec les trains régionaux et nationaux ne seront plus garanties à certaines heures, ou avec des temps d’attente plus longs pour les voyageurs.

Des effets néfastes pour l’environnement

La diminution de la participation cantonale telle que prévue aura des effets négatifs importants sur l’attractivité de l’usage des transports publics urbains. Le démantèlement partiel des prestations augmentera en effet la dépendance à la voiture sur l’ensemble du territoire cantonal alors même que le taux de motorisation reste très élevé en comparaison nationale. Les mesures d’économie prévues mettraient également un frein aux efforts de décarbonation des bus engagés sur le réseau urbain. En outre, au-delà de l’impact en termes de nuisances sonores pour les habitants·e·s, le maintien prolongé des bus diesel entraînera également des conséquences néfastes sur l’environnement.

L’Agglomération estime donc que cette péjoration des prestations est contraire à la politique environnementale promue par le Conseil d’État via son plan climat et rappelle dans ce contexte que le secteur du transport est responsable d'environ 31 % des émissions directes de CO2 sur le territoire cantonal.

Conclusion

Le Comité d’agglomération ne peut que mettre en garde contre un nouveau désengagement cantonal sur le financement de l’exploitation du réseau de bus, moins de trois ans après la mise en oeuvre de la nouvelle loi sur la mobilité. Les effets d’une telle mesure seront importants et briseront la dynamique positive de report modal observée ces dernières années. Le Comité espère vivement que cette mesure d’économie proposée ne sera pas maintenue par le Grand Conseil. Il en va de la bonne application d’une politique de mobilité attractive et conforme aux engagements cantonaux du Plan Climat.